Reza, cet apprenti médecin était venu s'installer à Ispahan pour étudier chez le plus grand maître. Et, assidu et zélé, il attendait avec impatience, le jour de sa reconnaissance.
Au bout de 10 ans, il s'aventura à demander au maître d'agir de son propre chef.
- Tu n'es pas prêt luis dit le maître: trop spontané, pas assez de recul.
Sur son insistance, le maître lui confia le prochain patient qui arriverait.
Reza était sûr de lui. Il accueillit l'homme en se délectant d'avance car il avait posé son diagnostic au premier coup d'œil, ce qui est courant dan cette médecine ancestrale.
- Vous allez bientôt guérir, lui dit-il. Votre affection est bénigne. Un peu de jus de grenade et en trois jours il n'y paraîtra plus.
L'homme se leva de son siège irrité: c'est à peine croyable de traiter les gens de façon aussi légère !!!
Adieu (on ne dit pas Adieu en persan, mais j'adapte). Il a plutôt dit: Que la poussière du désert vous aveugle et vous fasse tousser!
Le maître s'amusait, Reza s'attristait :
- Mais qu'ai-je fait?
- Ce serait trop long à t'expliquer, et tu ne le comprendrais pas.
À la prochaine occasion, je t'enseignerai par l'exemple.
Il fallut attendre encore 3 mois. 3 mois de servitude pour l'impatient Reza..
Mais ce jour arriva:
Le maître accueillit le patient avec un regard soucieux:
- Asseyez-vous je vous prie.
Il lui posa mille questions. Suivies par d'autres.
- C'est un cas assez rare, lui dit-il
La patient, qui avait maintenant toute l'attention du maître et sa compassion, s'apaisait doucement.
La maître écrivait dans un grand cahier, notait les réponses.
- Voyons, voyons.. Des massages... non. Des lavements... non (le patient était à l'écoute)
Une cure de ... non. Le patient s'interrogeait.
Au bout d'une longue réflexion, le maître le regarda d'un air circonspect et lui annonça:
- Je pense savoir ce dont vous avez besoin: Commencez par un demi-verre de jus de grenade à chaque repas, pas plus! et revenez me voir dans trois jours.
Le patient satisfait et soulagé s'écria:
- Maitre! Quel talent! Je doublerai vos honoraires, vous le méritez grandement!!
Le maitre se retourna vers Reza
- Alors, t'as compris ?
- Pas sûr, mais je vais étudier plus assidument !
- C'est pas ce que je voulais dire... songea le maître.